Le Xserve peut-il muer en serveur lame ?
Lancés voilà désormais un an, les serveurs 1U d’Apple connaissent un franc succès. Après avoir évolué dans des versions RAID et clusters, le Xserve peut-il être la base d’un serveur lame ?
Au tournant des années 2000, un nouveau type de serveur est apparu : le serveur lame, ou blade server, une machine composée de modules extractibles à chaud et sur lesquels on trouve généralement un processeur et un disque dur. Le serveur lame est né du besoin de disposer d’une puissance de calcul et de traitement modulable destinée essentiellement aux sociétés désirant profiter de la vague de l’Internet. La raison de cet intérêt est simple à comprendre : l’activité d’un vendeur sur Internet suit une croissance qui dans certains cas peut s’accélérer de manière exponentielle, si l’activité en ligne en question connaît le succès escompté. Pour faire tourner un site de ce type, on trouve, pour schématiser, trois grands types d’applications : les applications de devanture desdits commerces, les logiciels de support (destinés à maintenir les sessions de vente, comme les paniers?) et les applicatifs de fond de magasins, principalement des bases de données. Si les logiciels de base de données ne profiteront pas vraiment de la modularité des serveurs lames, les deux autres couches d’applicatifs s’avèrent taillées pour ce type de calculateur. Les serveurs lames s’avèrent un bon choix parce qu’ils permettent de répondre à la demande de plus en plus croissante d’une clientèle par simple ajout d’une serveur supplémentaire dans un châssis type ! Presque tous les grands acteurs de l’industrie informatique sont entrés sur ce marché. IBM, Sun et RLX sont considérés aujourd’hui comme les principaux intervenants. IBM dispose d’une ligne de serveurs lames fondée sur l’Intel Pentium 4 Xeon et se prépare à aligner une nouvelle génération pourvue de son propre processeur, le PowerPC 970. L’utilisation de tel ou tel type de processeur s’avère un facteur déterminant du blade computing (l’informatique sur serveurs lame) : un châssis de type 3U peut embarquer entre 16 et 24 lames, soit autant de processeurs confinés dans un espace particulièrement restreint. Du coup, la question du dégagement de chaleur, la célèbre dissipation thermique, s’avère un point clé (voir édition du 11 mars 2003) : plus la chaleur augmente, plus les puces sont susceptibles d’erreurs et de mauvais fonctionnements. L’utilisation de processeurs à faible dissipation thermique s’avère donc nécessaire.
Un rapport coût/performances très compétitif
Et à y regarder de près, c’est la conception même du serveur lame qui est un facteur clé de succès : pas question de monter un serveur lame à la va-vite dans un coin d’atelier ! Voilà sans doute un point sur lequel Apple peut se positionner : la firme dispose du savoir-faire nécessaire pour concevoir un matériel performant dans un environnement confiné. Le lancement sans tapage de ses serveurs Xserve 1U, puis RAID 3U (voir édition du 11 février 2003) et Xserve Node (voir édition du 19 mars 2003), destinés à monter des clusters, a prouvé une chose : Apple sait aussi faire de très bons serveurs (voir édition du 19 novembre 2002). Les tests réalisés sur ses produits montrent qu’ils disposent réellement d’un rapport coût/performances très compétitif. Il faut dire qu’Apple utilise quelques technologies – comme les processeurs RISC, le Gigabit Ethernet, les disques Ultra ATA 133 et le FireWire – qui lui permettent de proposer une machine difficile à battre sur ce créneau. Avec le FireWire, la firme dispose aussi potentiellement d’un câblage de châssis de serveurs lames pouvant atteindre les niveaux de performance du Gigabit Ethernet (800 Mbits/s puis 3,2 Gbits/s).
Surtout, Apple peut intégrer son système d’exploitation Unix Mac OS X, seul à pouvoir être utilisé par le biais d’une interface graphique accessible par des quasi-néophytes. Elle dispose aussi d’un logiciel professionnel peu souvent mis en avant malgré un potentiel énorme, WebObjects. Avec cette application, qui fait tourner les magasins en ligne de la société comme son iTunes Music Store, Apple est en mesure de proposer une solution qui répond aux deux niveaux d’applicatifs requis pour les sites de commerce en ligne. En combinant sa capacité à concevoir des matériels bien pensés et ses applications de classe Unix, Apple s’avère tout à fait en mesure d’entrer sur le marché des serveurs lames avec une version spécifique de son Xserve. Tout l’enjeu pour la firme est de réaliser un serveur hautement disponible et ne tombant pas (ou peu) en panne. Avec une telle solution modulaire, Apple répondrait à la principale récrimination des utilisateurs sur ce marché : l’énormité des dépenses de main-d’oeuvre affectées à la maintenance, aux sauvegardes et aux erreurs de fonctionnement, coût estimé à 70 % des frais de fonctionnement de telles installations. En fournissant une solution pour les serveurs et les services Internet, la firme pourrait gagner le respect des grands comptes plus aisément et attirer à elle des éditeurs de progiciels de renom, comme Oracle, Siebel ou SAP, qui tardent à porter leurs applications sur Mac OS X, bien qu’ils s’y soient engagés pour certains…